Mais un certain soir d’avril, penché à son balcon, mon cher voisin m’a glissé LE scoop retentissant qui ne pouvait pas me laisser indifférent, moi « le gars de l’EDF » : au début de la crise sanitaire, les centrales atomiques françaises auraient été désertées pendant des semaines entières !

 

Etant moi-même penché à ma fenêtre à cet instant précis de la révélation du jour, j’ai eu la sensation que ma mâchoire inférieure avait immédiatement chuté de plusieurs étages... Comment peut-on ingurgiter autant de fadaises ahurissantes (et les régurgiter sans l’ombre d’un soupçon) ?

 

Je vais vous dire cher voisin... 

A l’heure où je vous parle, ce sont 38 tranches nucléaires qui alimentent le réseau, qui lui-même ravitaille votre téléviseur et votre ordinateur colporteur d’affabulations virales.

Cher voisin, sachez que ce sont plus de 15 000 personnes qui s’affairent tous les jours à faire fonctionner les centrales en production, et à entretenir les 18 tranches à l’arrêt. Oui, ils sont bien là et ils s’adaptent continuellement face à des situations inédites. Ils travaillent sur nos installations en respectant des mesures sanitaires qui ne leur simplifient pas la tâche, contraignantes mais indispensables. Ils ont appris de nouveaux rituels, ils gardent leurs distances et avancent masqués. Mais ils avancent. Ils ont même réussi à terminer deux arrêts pour rechargement depuis le début de cette crise (Tricastin 2 et Bugey 5).  Oui, ils sont bien là, Edf et Prestataires, en chair et en os... Sans oublier tous les télé-besogneux qui continuent à œuvrer eux aussi, rigoureusement confinés.

 

Parce que, cher voisin, c’est maintenant qu’il faut faire avancer les chantiers sur nos tranches, pour être certain que l’hiver prochain, nous serons capables de répondre aux besoins d’alimentation en électricité de votre ordinateur et de tous les consommateurs de France (et de Navarre, s’il en reste un peu).

 

Alors ce soir, cher voisin, laissez de côté votre toile foisonnante de savants virtuels : NON, le virus n’est pas diffusé par les lignes haute tension. Non, la terre n’est pas plate. Non, l’incendie des forêts de Tchernobyl n’a pas été allumé par des pangolins francs-maçons (il en a plein le disque dur, mon cher voisin, et je crains qu’il ne soit pas le seul...). Les ragots numériques ne sont, eux, malheureusement pas confinés...

 

Et OUI, les personnes qui entretiennent et qui font fonctionner nos centrales, eux, sont bien réels. Un grand merci à eux.

 

Ce soir, à nos fenêtres respectives, mon voisin éclairé et moi… nous applaudirons aussi ces gens-là !